Fauste Hiddenpark. - Ok.

Hautaine, vile, sournoise, séductrice, explosive, intelligente, malicieuse, capricieuse... Tels sont les adjectifs qui viennent à l'esprit de quiconque l'aperçoit pour qualifier Fauste Hiddenpark. Elle maîtrise l'hypocrisie mieux que n'importe qui, et ne laisse deviner aucun de ses sentiments. Personne ne peut savoir ce qu'elle pense, car elle reste impassible. Un visage de glace, une expression neutre. Des paroles aussi aiguisées qu'une lame de rasoir. Rien n'inspire la sympathie chez cette jeune fille, mais elle est pourtant terriblement charismatique. Un bien curieux mélange, croyez-le. Malgré sa personnalité incendiaire, Fauste a plein d'amis. Enfin, elle est plutôt entourée d'acolytes qui se prennent pour ses amis, mais il s'agit là d'une autre histoire, et elle n'a de toute façon pas de temps à y consacrer. Il ne faut s'attendre à aucune marque de sympathie de sa part. Vous n'aurez droit qu'à une petite remarque cinglante, ou alors, si par le plus grand des hasards elle aurait besoin de vous, minauderies et sourires commerciaux seront votre pain quotidien, jusqu'à ce qu'elle en décide autrement. Fauste est une jeune fille très populaire du lycée. Incontestablement brillante, elle s'attire les faveurs du personnel, et bien évidemment de ses camarades, qu'elle méprise néanmoins. Mieux vaudrait pour vous ne pas l'approcher de trop près si vous ne voulez pas vous retrouver prisonnier de ses filets. Mais sachez-le, Fauste n'est pas une personne foncièrement mauvaise, elle cache cependant, au fond de sa carapace un côté sensible qu'elle développe à travers l'écriture et l'art, domaines où elle se révèle plus que douée. Peut-être qu'un jour quelque chose, ou quelqu'un, lui permettra de la faire se remettre en question et de redevenir la douce et pétillante jeune fille qu'elle était avant, qui sait?

Fauste est une jeune fille très belle. Et elle le sait. Sa silhouette aux courbes presques parfaites reste cependant celle d'une adolescente de seize ans. Grande et mince, elle a le physique sportif, ce qui récompense amplement de longues années de danse. La peau rosée, elle se recouvre d'un joli hâle bronzé lorsqu'elle s'expose au soleil, et sa douceur équivaut celle d'une peau de pêche. Son visage aux traits fins et délicats se représente plutôt comme un ovale. Son front n'est ni trop large, ni trop étroit. Ses sourcils sont dessinés en un arc s'affinant vers l'extérieur, d'un noir d'ébène, de même que ses cheveux longs, coupés en dégradé très effilé, lui arrivant à hauteur d'épaule. Elle a de grands yeux d'un bleu hivernal, qui, malgré la froideur de leur couleur, embrasent quiconque les croise. Son nez est fin et droit, décrivant une légère courbe, au profil. Ses lèvres pleines d'un rose envoûtant, en esquissant un sourire, dévoilent des dents aussi blanches que la neige. Fauste a ce qu'on pourrait appeler un cou de biche, la rendant gracieuse au possible. Ses épaules ne sont pas trop larges, de même que son buste. Sa poitrine est faite de seins de forme conique, dont la taille est très acceptable. Elle a de petites fesses rebondies auxquelles les pantalons moulants qu'elle a l'habitude de porter conviennent parfaitement. Au niveau vestimentaire, Fauste est, pourrait-on dire, à la pointe du style. Son look est très personnel, elle mélange les styles et les couleurs toujours avec classe, le rendu donnant quelque chose de tout à fait sympathique.

Janvier 1992, Londres.

Dans les rues noires de la capitale anglaise, le vent glacial s'engouffrait et gelait les passants sans crier gare. Londres était vide, à l'exception de quelques personnes dont la netteté était parfois à mettre en doute, ce qui était plutôt rare, même la nuit. Ce soir-là, les lumières de la ville n'étaient qu'à moitié allumées, éclairant faiblement les rues. Parmi le peu de vie qu'il y avait au dehors, on percevait assez mal le bruit d'une voiture qui avançait dans les ténèbres de la nuit. Le moteur ronronnait pourtant, sans grande force. La voiture se dirigeait tout droit vers un hôpital, sur High Street. Lorsqu'elle fut arrivée à destination, une portière s'ouvrit, d'où sortit une silhouette apparemment masculine que l'on distinguait mal à travers la brume. L'homme fit le tour de la voiture puis ouvrit une seconde portière, aidant ce qui semblait être une jeune femme à sortir, elle aussi. A la vue de son ventre excessivement rond, l'évidence frappait : cette jeune femme était enceinte, et vraisemblablement sur le point d'accoucher. Le personnel hospitalier accourut et prit en charge leur nouvelle patiente, priant l'homme qui l'accompagnait de bien vouloir attendre dans le hall. Les heures passèrent. Faisant les cent pas, devant la salle d'accouchement, l'homme que l'on devinait être le futur père tentait de ne pas s'affoler, quoiqu'à l'intérieur, son corps bouillonnait et se retenait de ne pas se ruer dans la salle. Ce ne fut qu'à la huitième heure d'attente que la porte s'ouvrit, ce qui était, selon les médecins, plutôt rapide. La sage-femme passa la tête par l'entrebâillure de la porte, faisant signe à l'homme d'entrer, qui ne se le fit pas dire deux fois. Il se précipita au chevet de sa femme, paisiblement endormie, épuisée par l'effort exceptionnel qu'elle avait du fournir. Elle respirait profondément, les yeux clos, la bouche légèrement entrouverte, ses lèvres pleines et roses détendues en un sourire bienveillant. La sage-femme tenait dans ses bras un petit tas de couvertures en laine rose aussi douce qu'un champ de coton. D'après la couleur, il le savait : c'était une fille.

Le mois de Mai annonçait l'arrivée des beaux jours, et le soleil ne se faisait pas prier pour se montrer. L'astre du jour plongeait tout Londres dans un bain de lumière aveuglante. Dans une résidence pavillonaire, sur Wellington Road, une petite fille était assise sur un carré d'herbe aussi bien entretenue qu'un Green de golf. La douce lumière réconfortante et chaude illuminait son visage d'enfant. Elle avait les yeux fermés, et s'amusait à sentir les parfums environnants, tels que l'herbe ou les fleurs. Derrière elle se dressait une petite maison assez peu originale, faite de briques beiges, car les briques rouges ne trouvaient leur place que dans les maisons de ville. Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de sa maman. Elle lui avait fait un beau dessin, un coucher de soleil en dégradé d'orange et de violet, à l'horizon d'une plage de sable fin. Il était sur la table de nuit de la petite fille. Quand elle vit la voiture passer au coin de la rue, elle se précipita dans les escaliers pour aller chercher son dessin. Elle redescendit et, lorsque sa mère sortit de la voiture, lui tendit son chef-d'oeuvre en lui souhaitant :« Bon anniversaire, Maman! » Heather Hiddenpark s'empara du dessin d'un geste impatient. Oui, Heather Hiddenpark était une femme bien trop occupée pour accorder plus de cinq minutes à ces futilités. Elle était aussi une dame très suffisante. Regardant le gribouillage de sa fille avec une pointe de dédain, elle lança un regard mauvais à sa fille et lui lança : « Mais pourquoi tu m'offres ça? C'est moche! » Elle lui rendit son dessin, pour lequel elle s'était appliquée pendant près de deux heures. Les yeux de la petite Fauste se remplirent de larmes. Elle avait honte, honte de ne pas pouvoir satisfaire sa mère. Mais elle lui en voulait tout de même. Ce jour-là, Fauste sut qu'elle et sa mère ne s'aimaient pas. Depuis ce jour, la douce et pétillante Fauste devint l'abjecte et malsaine Fauste.

Au fil des années, Fauste se sera toujours montrée très douée dans tous les domaines, son but secret étant d'enfin pouvoir satisfaire sa mère. Etant cependant consciente que cela ne serait fait que lorsqu'elle gagnerait de l'argent, elle prit conscience qu'il fallait qu'elle travaille pour elle, et non pour les autres. Cependant, elle ne perdit pas le tempérament que cet épisode douloureux de sa vie lui avait laissé, demeurant hautaine et hypocrite jusqu'au bout des ongles. Une prise de conscience s'imposera d'ici peu, d'une façon ou d'une autre.