Pas seule avec Baudelaire

18h00. Le lycée était bien vide à cette heure. Les couloirs ne lui rapportaient que l’échos de ses pas. Depuis qu’elle ne pouvait plus faire de sport, Pomme s’ennuyer ferme ici. Car elle n’avais pas encore fais de véritables rencontres. Cependant elle ne désespérait pas. Dans les conditions actuelles, les groupes formés par les autres élèves allaient se faire et se défaire rapidement. Elle trouverait bien des gens avec qui elle aurait des centres d’intérêt en commun.
Perdue dans ses pensées elle laissa ses jambes la guider dans les sombres couloirs. Elle s’arrêta devant la bibliothèque. Le livre, sa drogue à elle. C’est eux qui lui font oublier, oublier tout. Les mots ça fait moins de mal que la cocaïne, et puis il n’y a pas trop de risques de faire un bad trip.
Aujourd’hui une petite douille de Baudelaire :

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

La pièce était vide, elle lut à voix haute la suite du poème :
…Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Mais il lui sembla qu’elle n’était pas la seule à profiter de la beauté des vers.

…Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir."

Stanislas venait d'entrer à la bibliothèque après avoir fait un tour par le dortoir des professeurs où il avait dépossé ses vêtements trempés. A présent qu'il arrivait pour la deuxième fois de la journée dans la bibliothèque pour essayé d'y trouver le calme après tant de remous dans une journée qui s'annonçait pourtant fort calme, voilà qu'il y avait une élève qui lisait du Baudelaire à haute voix. Il se mit debout à côté d'elle et commenta : "Spleen de Baudelaire tiré des fleurs du mal."
L'élève releva la tête. Il l'identifia comme une des secondes qu'il n'avait pas vraiment encore eu le temps de connaître : elle portait un prénom étrange... Dans un genre fruitier à se rouler par terre... Qu'était-ce ? Clémentine? Fraise? Non! Pomme. Pomme Le Mercier. Voilà, il s'en rappelait. Il s'approcha d'elle, observa en passant son phisique de charmeuse. *Elle doit avoir du succès celle-là.* Pensa t-il.
Il se redressa légèrement et cita d'une traite, l'attitude théâtrale :

"Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes."

Puis s'affalant à côté de l'élève sur un fauteuil en tissus il ajouta : "Vous aimez Baudelaire mademoiselle?"

"Spleen de Baudelaire tiré des fleurs du mal."
Pomme leva son regard vert, en direction de la bouche qui avait commenté la fin de son poème.
Cette bouche appartenait à un homme qui devait avoir la trentaine bien passée. Bel homme plutôt athlétique quoique Pomme remarquait qu’il devait avoir perdu un peu de sa musculature, mais ce petit défaut ne lui portait certainement pas préjudice. La seule chose qui gâtait le tableau était son air arrogant, Pomme n’aimait pas qu’on la prenne de haut.

"Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes."

Il énonça cette tirade du poème «invitation au voyage » avec un air théâtral qui lui donna plus envie de rire que de succomber.
Mais qu’importe, pensa t-elle. Pour une fois qu’on s’intéresse à moi je ne vais pas faire ma difficile.

« Vous aimez Baudelaire Mademoiselle ? »
« Oui, j’aime beaucoup et vous ? »

« Oui, j’aime beaucoup et vous ? »

Il lui fit un sourire, une jeune fille cultivée. "Oui j'aime beaucoup mais je préfère de loin Molière." Il ne put s'empêcher de repenser à sa conversation avec Mademoiselle Geissler une heure plus tôt au même endroit. Où était-il passée d'ailleurs? Il ne l'avait pas aperçu dans le dortoir du personnel, ni ici qui était pourtant un de ses lieux de délectation. Peut-être était-elle partie se promener dans le parc ou encore se faire un café ou un thé dans la salle des profs...
Il repensa à l'acte qu'il venait à peine d'accomplir et se sentit agréablement bien. Il s'enfonça légèrement plus dans son siège et s'imagina la réaction de l'élève. Il se demandait si la junkie n'allait pas le dénoncer, bien que son chantage devrait faire un effet au moins temporaire. Etrangement il n'avait pas vraiment peur, il savait qu'on le croirait plus lui, le prof à l'écoute de ses élèves qu'elle et pourtant... Il se doutait bien pourtant qu'il ne risquait pas de la revoir dans son cours de si tôt et cela le chagrinait un peu : elle n'était pas mauvaise élève.

Il entendit que la seconde venait de lui dire quelque chose qu'il n'avait pas écouté, trop plongé dans ses songes.

"Oui? Excusez-moi, j'étais dans la lune." fit-il avec un sourire ennuyé.

"Oui ? Excusez-moi, j'étais dans la lune."Fit-il avec un sourire ennuyé.

Pomme sourit et dit :

« Je disais que j’aimais bien Molière mais qu’il étais à coté de la plaque. Il écrivais des texte pour critiquer le Roi mais ceux qui étais vraiment exploité, ne savais pas lire. Mais bon c’était l’époque... »
Elle détailla un peut plus l'homme à ses cotés : il avait un sourire distrait et ses yeux s’emblais ailleurs. Elle retentit un profond malaise, elle connaissait la réputation du professeur : C'était un voyeur pervers. Mais peut être que c'était ça qui l'attirait.

Il lui fit remarquer que justement à l'époque la littérature était un privilège, et que c'était des privilégier qui menèrent la révolution pour libéré les "exploité".

L'ironie qu'il mit dans sa réplique, attisa un peut plus son désir. Encore un combat...perdu ? Non pas encore.
Elle se leva posa le livre qu'elle tenais a la mains, en pris un autre dans une étagère et se rassis de manière a être face à au professeur.
"Vous enseigné l'art n'est pas, je n'ais pas pris cette option mais rien n'est définitif"
Tout en parlant, elle glissa son regard dans les yeux bleu de son voisin. Elle laissa un silence lourd de sous entendu entre et quand elle fut certaine qu'il ne manquerais aucun de ses gestes. Elle pris le livre qu'elle avais dans les mains, le posa sur l'accoudoir de son siége en se penchant un peut plus qu'il ne le fallais. Ainsi elle laissa au professeur un spectacle sûrement très apprécier de ses yeux indiscrets.
"Et si vous m'expliquez un peut en quoi consiste cette option."
D'un geste de la tête elle l'invita a regarder le livre posé entre eux, sur la couverture on pouvais lire "Picasso, sa vie, son oeuvre".

(Merci pour le réédit')

Elle se mit à critiquer d'un esprit éveillé l'époque de Molière et cet illustre auteur. Stan se sentait presque en colère ainsi, critiquer Molière, et puis quoi encore. Il sentit alors, le regard de l'élève se poser sur elle, analyser son visage et son sourire. Il lui fit remarquer, poliment mais avec une pointe d'agacement dans la voix que c'était ceux genre de gens qui avaient menés la révolution et, préférant peut-être se taire, elle se leva, sembla un instant s'en aller avant de tirer d'un étagère un livre et de revenir vers lui.

Elle s'assaya face à lui et il sentait son charme faire un certain effet sur la jeune fille, elle continuait à l'observer. Il ne put s'empêcher de l'observer un instant, vit comment elle lui adressa quelques mots et se pencha ayant posé le livre sur l'accoudoir de son fauteuil. La poitrine ainsi penchée en avant rendait visible le creux de ses seins, la chaîne d'argent lovée entre les deux, le médaillon au bout à peine visible.

Elle fit un geste de la tête et même s'il n'entendit pas le commentaire qu'elle fit avec, il se pencha vers le livre et ainsi réduit de nouveau à une vision moins complaisante, repris ses esprits, sa langue, son intelligence : "Picasso, sa vie, son oeuvre." *Génial.*


" Je ne sais pas si vous êtes exactement le type recherché dans mon option mademoiselle. Je ne vais pas dire que vous allez être médiocre bien sûr, mais avez-vous au moins une certaine culture de l'art, du théâtre et de la musique?"

La jeune fille fit un signe vacillant de la tête et sans même attendre une vraie réponse, car celle-ci n'en était visiblement pas une, il continua.

" Picasso est un de nos grands artistes. Mais en ce moment, nous étudions principalement Molière au théâtre, Nicki de Saint-Phalle en art et le boogie en musique. Evidemment, si cela vous intéresse ou même vous passionne -on peut toujours rêver- vous pouvez venir faire un essai demain matin au cours de onze heures."

Puis sentant qu'il allait être de facheuse humeur s'il restait seul avec la jeune fille à parler, il se leva.

L'homme regarda le livre et lui lança un reflexion singlante dont il avait le secret. Elle vit dans son regard que ses remarques ne lui avait pas plus, que sa bonne humeur commençait à quitter ses yeux bleus et lui fit un sourire réconciliateur. Il se leva tout de même : avait-il vu le sourire? Ainsi debout, il semblait plus grand qu'elle, beaucoup plus grand, beaucoup plus imposant. Et puis... au niveau de son nez se profilait entre deux boutons de la chemise bordeaux une parcelle de peau sur laquelle elle entrevue un trait d'un tatouage. Elle avait entendu une rumeur à ce sujet... Qu'il avait un tatouage étrange sur le ventre. C'était donc la vérité. Enfin, qu'il soit étrange peut-être pas... Mais du moins qu'il en avait un! Il fallait qu'elle le voit.
Mais elle sentit que ce n'était pas la peine d'insister pour le moment. Juste, pour le moment. Elle fit semblant de partir et se retourna au dernier moment :
"Il y a deux façons d'aimer l'art : Ceux qui regardent et répètent les livres et ceux qui le vivent et le critiquent."

Et elle partit.

"Il y a deux façons d'aimer l'art : Ceux qui regardent et répètent les livres et ceux qui le vivent et le critiquent."

Voilà une bien singulière façon de finir une discussion. Il la vit partir, balançant son postérieur de gauche à droite à la manière d'un mannequin qu'elle n'était pas. Vraiment, elle avait un sérieux problème cette fille. Mais ... d'un autre côté, il devait s'avouer qu'elle n'était pas moche. Juste une pointe trop femme pour lui, déjà.

C'était étrange comme les vierges pouvaient dans certaines circonstances être plus exitantes que les bien faites, bien formées et bien éduquées. Il manquait à ces dernières la beauté de l'innocence, le regard perdu, la peur.

Il rêva un instant encore, debout, les mains dans les poches, sa chemise bordeau se soulevant lentement à chacune de ses respirations. Il tentait de se calmer, mais le calme venait pas, sa bonne humeur avait été comme balayée par la jeune fille. Il frappa de la main sur sa cuisse, agacé.

"En plus, elle a oublié de ranger son livre!" mumura t-il en atrappant le volume. *Comment la bibliothèque pouvait-elle posséder des horreurs pareilles d'abord?* se demanda t-il en le rangeant dans les étagères. Il vit une ombre passer de l'autre côté de l'étagère et fit un pas en arrière. La bibliothècaire venait de passer.
Pour éviter de se faire engueuler, il prit comme on dit "les jambes à son cou" et s'enfuya dans le couloir direction le dortoir du personnel pour une nuit sans rêves et fort agréable.